Rattlesnakes
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1984
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Llod Cole & The Commotions
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Parlons franchement: ça ne rigolait pas au début des
années 1980. Comme l’avait prédit les Buggles, dans Video Killed The
Radio Star, l’image avait pris le pas sur le contenu, et le rock, depuis le
schisme punk, avait tendance à se segmenter, comme disent les bouffons du
marketing. Bien sûr, chaque année amenait sa moisson de bons disques (U2,
Simple Minds, Siouxsie & The Banshees, Talking Heads, The
Cure, Dexy’s Midnight Runners, etc), mais la vague néoromantique et
ses avatars, tel un tsunami de mauvais goût, avait tendance à tout
balayer ; tandis que la presse anglaise n’en avait que pour Duran Duran
et Spandau Ballet, Rock & Folk n’hésitait pas à mettre Boy
George (Culture Club) ou George Michael (Wham) en couverture.
Rajoutez à cela que Ronald Reagan avait été élu à la présidence des Etats-Unis
et que, d’une poigne de fer, Thatcher écrasait les syndicats britanniques et
vous aurez une idée précise du contexte dans lequel apparaissent et se battent
des artisans de la chanson rock comme Aztec Camera (avec Roddy Frame), Scritti
Politti (avec Green Gartside), les Smiths (avec Morissey), Orange
Juice (avec Edwyn Collins), Prefab Sprouth (avec Paddy McAloon).
Ou encore, déboulant de sa fac de philo à Glasgow avec ses
Commotions, que l’on accueille à bras ouverts dès la sortie du premier
single, Perfect Skin, au printemps 1984.
Lloyd, timide et introverti, narcissique lunatique, comme l’a décrit un
chroniqueur inspiré, fait souffler un vent de fraicheur et d’élégance. Bien sûr, on décèle ses influences : ce garçon a
beaucoup écouté Dylan, les Kinks, les Byrds, et le Velvet
Underground, mais il a aussi beaucoup lu et fréquenté les salles obscures :
ses chansons sont truffées de références à Norman Mailer, Simone de Beauvoir,
Truman Capote, Greta Garbo, Eva Marie Saint, François Truffaut et Elia Kazan.
Tel un grand frère de Vincent Delerm – avec une voix nettement plus
soul -, Cole évite de passer pour un grand prétentieux en épiçant ses
chansons d’une bonne dose d’autodérision ; avec ses guitares
carillonantes, son chant à la Lou Reed, il nous régale du récit de ses
amours contrariées. Forest Fire, ballade somptueuse
(qui inexplicablement, se contenta d’éffleurer le Top 40 anglais), Speedboat, Charlotte
Street et Rattlesnakes sont
quelque-uns des sommets de cet album qui contient aussi une ode à la deuche (2cv, que Cole prononce « deux cheval ») |
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